En Mongolie Intérieure, on nous avait proposé du thé mongol, mais à la vue de ce mélange laiteux, nous avions opté pour un thé vert chinois. Il est vrai que son apparence n’est pas celle que l’on attend pour un thé…
Arrivés en Mongolie, nous avons goûté cette boisson traditionnelle à base de lait de yak. Conservé dans un thermos, il est ensuite servi dans des petits bols. La recette est simple : mettre à chauffer de l’eau chaude, ajouter une poignée de thé noir, un peu de sel et du lait de yak, et le tour est joué !
Lors de nos haltes dans les yourtes pendant notre randonnée à cheval, cette boisson chaude et légèrement salée nous désaltérait énormément et nous nous contentions rarement d’un seul bol.
Bon ça c’est mon truc. J’ai découvert la pêche à 20 ans un peu par hasard avec un copain. Je me suis acheté une canne standard et j’ai appris petit à petit tout seul les différentes techniques. J’ai passé beaucoup d’heures à faire tremper du fil à défaut de prendre des poissons et puis j’ai commencé à faire quelques prises. A Nice je partais souvent les week-ends arpenter les lacs et les rivières du Mercantour en espérant ramener de belles truites. Jamais je n’ai pris d’aussi beaux poissons qu’en Mongolie. Les mongols ne sont pas fou de poissons et pêchent rarement alors les rivières sont pleines de truites, de brochets et de saumons de tailles incroyables. Après six mois de voyage, la canne que j’avais emmenée de France nous a enfin servi et nous nous sommes régalés de poissons cuits aux feux de bois en « pierrade » ou dans l’eau bouillante. Délicieux !
Régulièrement sur les routes ou les sentiers, nous apercevons des branches entrelacées ornées de rubans bleus. Ce sont les « OVOS » portant bonheur aux voyageurs. La tradition veut que pour s’assurer un bon voyage ou pour remercier du bon déroulement lors de l’arrivée, on en fasse trois fois le tour. Certains automobilistes évitant de descendre de voiture, pour respecter la coutume, se contentent de klaxonner trois fois en dépassant cette sculpture. A cheval, nous ne manquions pas de faire faire à nos montures les trois tours officiels.
Notre guide de voyage annonçait 13 chevaux pour 1 habitant. Si dans la capitale on ne voit que des voitures, à peine quelques kilomètres effectués en dehors de la ville et les chevaux sont partout. Dans les steppes, les éleveurs possèdent des troupeaux de 20 ou 30 bêtes qu’ils vendent entre 100 et 1000 euros. Dans les pâturages, on voit les éleveurs de bétail ou leurs enfants juchés sur leurs montures pour surveiller et guider les troupeaux. Dans les villes et les villages les gens circulent à cheval. Ils sont souvent deux sur un même cheval ce qui donne des images insolites car les mongols sont plutôt grands et costaux alors que leurs chevaux, si ils sont sans nul doute robustes, sont très petits.
Les chevaux font partie intégrante de la vie des nomades. Ils en prennent soin et sont très attentifs à leur santé. Inutile en revanche, de chercher les bouchons, étrilles et autres cures-pieds chers aux centres équestres français. Les chevaux se frottent seuls le dos en se frottant par terre. Ils sont rarement ferrés, jamais nettoyés et le concept de la carotte et du bâton se limite au bâton. On n’a jamais vu un mongol caresser son cheval pour lui dire « c’est bien », par contre on en a vu souvent leur mettre des coups de cravaches ou leur tirer violemment sur les rennes pour leur dire « c’est pas bien ».
Les chevaux semblent en tous cas comme les hommes, moins protégés, moins couvés mais tellement plus libres.
Drôle de ville. Nous récupérons nos vélos que nous avions mis dans le train depuis la frontière mongole. Nous sillonnons ensuite la ville à la recherche d’un hôtel ou d’une Guesthouse et nous croisons par deux fois quelques touristes qui ne répondent pas à nos « Hello ! ». Arrivés en centre ville, nous comprenons pourquoi. Partout la ville est pleine de touristes. Il y en a presque plus que des mongols. Il y a les babas cools avec dreadlocks et vêtements amples, les vrais aventuriers avec chapeaux et barbes longues, il y a les français habillés de la tête au pied en Quechua et il y a les américains qu’on entend de loin et qu’on confond avec des canards. On ne pensait pas que la Mongolie était à ce point la destination touristique à la mode. Douche froide.
Les restaurants affichent pourtant la couleur, partout les enseignes sont en anglais : Pizzas, fast-food, hamburgers. Déprimant. Il faut vraiment chercher pour trouver un restaurant mongol dans le centre. Il y a des restos italiens, des resto français et des Tex-mex où se précipitent bien-sûr les italiens, les français et les tex-mex pour retrouver en poussant de grands cris de joie les spaghettis, le vin ou les chilis qu’ils ont laissé à la maison il y a une semaine ou deux. Consternant.
Et puis il y a les Guesthouses. Nous sommes en pleine saison touristique alors nous devons en faire 7 ou 8 pour trouver une place de libre. Ici, il s’agit en fait d’appartements en étages qui ont été aménagés en dortoirs et qui reçoivent les touristes dans des conditions de propreté plus ou moins correctes à des prix « spécial touriste » : 30 $ la chambre double ou de 8 à 10 $ le lit en dortoir au milieu des ronfleurs russes. Nous qui avions pris des goûts de luxe en Chine avec les hôtels trois étoiles à moins de 10 $ la chambre, ça nous a fait drôle.
Bon sang, pourvu que le pays soit assez grand pour disperser tous ces touristes car ce n’est vraiment pas ce qu’on espérait quand on rêvait de la Mongolie !
Arrivés en Mongolie, après quelques jours passés à Oulan-Bator, la capitale, pour des formalités administratives, nous avons rejoint Clément, un frère d’Olivier à Tsetserleg à l’ouest. Au programme : faire du cheval. Après huit jours intensifs d’équitation, nous sommes allés nous détendre quatre jours un peu plus au nord sur les bords d’un lac volcanique pour savourer la tranquillité de la nature, seuls entre deux campements de yourtes. Ensuite, retour à la capitale pour travailler un peu, le temps que Clément achète un cheval pour partir tous les trois en direction de la frontière russe : nous à vélo et Clément à cheval.
Tout au long de notre parcours les homes se sont intéressés à nos vélos. Dans 90 % des cas ils inspectaient nos pneus, en vérifiaient la pression et étudiaient leur revêtement. Ici en Chine, c’est systématique. Immanquablement, après l’inspection, ils nous font part de leur admiration pour nos pneus d’un pouce levé. Et bien, nous aussi on lève le pouce car, après 4000 km par tous les temps, sur des routes défoncées ou des chemins caillouteux, après des passages à gué, après des bas côtés jonchés d’éclats de verre, après les épines des chemins, rien. Aucune crevaison. Ils paraissent comme neufs. Nos pneus de vélo sont vraiment incroyables. Merci MICHELIN !
Les Chinois en sont fous. Partout il y a des tables de billard. Dans les restaurants et les bars, dans les hôtels et même dans la rue, on trouve des tables en plus ou moins bon état. Un soir nous nous sommes essayés au billard de rue. Juste en bas de notre hôtel nous avons fait une partie au grand air. Claudine essayant de toucher les boules sans crever le tapis, moi les rentrant deux par deux avec les yeux bandés…
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.