Au réveil, tout est blanc. Même les pieds de nos duvets sont blancs. L’humidité s’est changée en neige, il fait -2° C dans la tente.
Nous avons dormi dans le jardin d’une ferme. La femme a qui nous avons demandé l’autorisation nous a dit quelque chose comme » Permissio si, ma el frio ? » et nous de répondre « frio no problem, OK, OK ». C’est ça oui…
Pendant que le soleil nous chauffe le dos et sèche tente et duvets, Claudine me demande si la nuit a été bonne pour moi. Je crois bien saisir un sous-entendu mais bon, je répond oui. Elle m’explique alors qu’elle s’en doutait vu mes ronflements imperturbables.
En fait le voisin est rentré en pleine nuit en faisant déraper sa voiture sur les gravillons de son allée mitoyenne au jardin de notre hôte. A la fois surpris et inquiet, en tout cas incrédule, il est apparemment revenu avec une lampe torche pour voir ce que cette tente pouvait faire là. Mes ronflements l’ont vraisemblablement rassuré…
En tout cas, c’est vrai que j’ai bien dormi cette nuit.
La nuit tombe, il est 18 h 00 et cela fait plus d’une heure que nous circulons dans la ville à la recherche d’une pension ou d’une auberge dans nos prix.
La journée n’en finit pas, depuis 11 h 00 ce matin nous sommes sur les vélos. L’étape est beaucoup plus longue que ce que nous avions prévu mais, zone urbanisée oblige, nous n’avons cessé de remettre à plus loin notre bivouac, faute de coin de verdure au calme.
Finalement, après plus de 60 km dans les jambes, nous nous sommes résolus à prendre une auberge mais, allez trouver une nuit pour deux à 30 euros en bord de mer !
Saoulé par le bruit des voitures qui nous ont frôlés toute la journée, épuisé par le froid, j’ai courageusement laissé Claudine silloner le centre ville à la recherche de l’endroit miracle.
Finalement on s’est résolu à dormir les pieds dans l’eau…
Ca y est, le départ est donné. Tout est finalement allé très vite. A 9 h 30 beaucoup de gens étaient là, nos amis, nos partenaires, nos familles, mais aussi des inconnus, des gens juste venus nous encourager ou nous glisser des mots chaleureux. Certains avaient lu un article sur nous ou vu le reportage de FR3 et sont venus nous serrer la main pour le départ.
Pleins de visages, de sourires et de mots d’encouragements qui nous ont fait chaud au coeur et nous ont gonflé le moral.
Les premiers coups de pédales, escortés par les Lambretta, se font sous les regards curieux devant nos packetages. Ma remorque en particulier suscite les commentaires.
Le long de la mer, sous le ciel bleu et le soleil, ce n’est finalement pas si dur de pédaler !
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.