Les nappes phréatiques sont-elles toujours pleines ? Les coûts de l’eau sont ils dérisoires ? En tout cas l’eau n’est vraiment pas considérée comme une denrée précieuse. Dans certains WC publiques, les robinets des lavabos sont ouverts en permanence et crachent à gros débit des litres et des litres d’eau à la minute. L’extérieur des bus et des trains est nettoyé à grandes eaux 2 à 3 fois par trajet dans des gares ou dans des stations services, les tuyaux d’eau n’étant évidemment pas fermés pendant la phase de « savonnage » des wagons ou du bus. Partout les voitures, même les plus vétustes sont nettoyées au jet ou à grand renfort de seaux d’eau, et pour être sûr d’avoir de l’eau bien chaude pour la vaisselle, l’un de nos hôtes aura laissé le robinet de la cuisine ouvert pendant bien 5 mn.
Pour nous autres habitués à fermer l’eau du robinet pendant qu’on se lave les dents, c’est déstabilisant !
En Turquie, la boisson nationale est le thé noir, cultivé dans le nord-est du pays. Il est servi dans un petit verre de forme particulière reposant sur une sous-tasse en plastique contenant 2-3 cubes de sucres et une mini cuillère.
Ce n’est qu’en franchissant la porte des maisons que nous avons pu voir exactement comment les Turcs préparaient leur thé. D’abord la théière est en deux parties l’une au-dessus de l’autre : la plus basse contient de l’eau et la seconde plus petite, le thé noir. Ils mettent à chauffer l’eau, puis lorsqu’elle bout, en vident dans la partie contenant le thé. Une fois que le contenu de chaque partie bout, ils se servent de la petite théière pour remplir une partie des verres et complètent avec de l’eau chaude, les proportions variants suivant l’infusion du thé. Ensuite les théières sont reposées sur le feu et continuent à bouillir jusqu’à ce que les convives les aient progressivement vidées.
Après le Tiramisu et le Kebab au yaourt dans nos carnets de voyage 1 et 2 et avant notre préféré, le dessert à base de blancs de poulet à paraître dans notre carnet numéro 3, voici la recette d’un dessert traditionnel qu’on peut déguster dans tout le pays accompagné d’un thé.
250 g de farine
2 œufs
1 cuillère d’huile d’olives
1 verre de beurre fondu
750 g de sucre
1 citron et demi
Fécule de pomme de terre
1petite cuillère de sel
1 verre de noix râpées
- Mélangez la farine, les œufs, le sel avec une petite tasse d’eau, étendez et malaxez à nouveau. Faire reposer la pâte sous un linge humide.
- Partagez la pâte selon la grandeur de votre moule en 8-10 morceaux (voir photo). Versez un peu de fécule et étendez le plus finement possible. Beurrer le fond du moule, disposez alternativement une couche de pâte et un couche de beurre fondu, ceci jusqu’à la moitié du moule ; disposez-y toutes les noix et remplir le reste de la hauteur du moule comme précédemment. Faire cuire à four moyen pendant une heure.
- D’autre part, préparez un sirop avec du sucre, de l’eau et du jus de citron que vous ferez bouillir et ensuite laisserez refroidir. Quand le baklava sera hors du four, versez doucement le sirop et servez froid.
On ne s’attardera pas sur l’hygiène, elle est fonction du standing du lieu et on sait que ce sera bien pire dans de nombreux pays, néanmoins, il est clair que les Turques sont plus intéressés par la propreté de leurs voitures que par celle de leurs sanitaires. C’est surtout les fuites d’eau qui nous ont étonnés. Même dans les hôtels les plus propres que l’on a rencontrés, et dans 100% des toilettes publiques, il y a des fuites d’eau. Le lavabo, la douche ou plus surement encore la chasse d’eau, tous ferment mal et laissent échapper quelques gouttes ou carrément un filet d’eau qui rend le lieu forcément humide et propice aux moisissures…
Claudine l’a testée plus tôt à Istanbul (voir notre carnet de voyage n°2), de mon côté je me suis dit que ça serait pour plus tard. On est à Urgup en Cappadocce et c’est maintenant plus tard. La journée a été pénible. On a fait 4 heures de vélo et on a parcouru 15 km. Le vent de face nous a obligé à pédaler de toutes nos forces, même en descente. On est arrivé crevé et saoulé par ce vent qui nous a glacé jusqu’aux os. A côté de l’auberge que l’on a dénichée à bon prix, il y a un hammam immense fait de plusieurs coupoles. Il n’est ouvert qu’aux hommes et je décide d’y aller. Pendant une heure je me prélasse sous la coupole centrale, seul dans un décor superbe. Toutes les petites salles annexes sont vides et je profite du sauna entre deux séjours sur la dalle chauffante. Au moment où je m’apprête à prendre la douche froide avant de partir, un masseur vient me proposer ses services. J’accepte et pendant 30 minutes il me masse de la tête aux pieds. Le massage est violent mais mes muscles éprouvés par les journées de vélo apprécient. Mes vertèbres par contre, se souviennent encore des craquements qu’il a déclenchés…
Pour l’équivalent de 9 €, j’ai passé 90 minutes idéales après une journée de sport dans le froid.
C’est détendu que je retrouve Claudine qui pendant ce temps a eu droit à une douche froide dans une salle de bain crade. Désolé.
Un jour de grande averse en Cappadoce, nous nous arrêtons pour dépanner un jeune dont la voiture s’est embourbée dans un vignoble. Après des accélérations brutales du chauffeur et un peu plus d’organisation de notre part et couverts de boue, la voiture sort enfin. Le jeune nous avoue alors que c’est en cherchant à nous fuir qu’il s’est enlisé… Avec nos gilets jaunes, il nous avait pris pour la Police !
Seuls dans le froid sur des routes désertes, nous circulons au milieu des cheminées de fée. Ce relief si particulier est le résultat des coulées de lave des volcans voisins et de l’érosion. La couche supérieure en basalte étant moins friable que la couche inférieure, l’eau a sculpté au fil du temps ce paysage superbe. Pour la nuit nous avons décidé de planter notre tente au pied des cheminées. Et c’est dans un décor exceptionnel que nous passerons la nuit sous la pluie d’abord puis sous la neige ensuite.
Notre campement sera même immortalisé contre leur grès par une famille d’allemands qui s’étaient éloignés de quelques centaines de mètres de leur voiture pour faire des clichés différents de ceux des autres touristes. On imagine leur déception d’avoir pour arrière plan, les deux mabouls français en train de démonter leur tente sous la neige.
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.