La journée de vélo a été bonne. Nous sommes allés plus vite que prévu. En arrivant à Palapye, 200 km au sud de Francistown, nous décidons de dépasser la ville pour caper comme à notre habitude près d’une habitation. Ce soir, nous n’avons de toute façon pas d’alternative car il ne nus reste pas assez d’argent en poche pour nous payer un hôtel. Malheureusement, alors que le soleil se couche, nous n’avons croisé aucune habitation, aucun chemin de traverse qui pourrait mener à un village. Depuis la fin de la ville, nous avons simplement croisé un chantier de construction qui est maintenant 5 km derrière nous. Nous sommes en pleine savane et nous n’avons pas d’eau. Avant que la nuit ne soit noire nous décidons de faire demi-tour et de tenter notre chance au chantier de construction. En passant devant, nous avons vu que c’était des chinois qui construisaient le bâtiment. Notre passage en Chine nous a laissé l’idée que les chinois sont tellement suspicieux qu’ils n’accepteraient jamais que nous campions près des locaux de leur entreprise. Alors, à l’allée nous n’avons pas essayé, mais comme nous n’avons plus le choix, je pars trouver le responsable du chantier sans trop y croire.
Il s’appelle Mister Liu. A peine a-t-il compris notre problème et notre requête qu’il se met en quatre pour nous trouver un bungalow pour dormir sur un lit. Pendant que l’employé qui occupait le bungalow déménage ses affaires pour partir cohabiter une nuit avec un de ses collègues, Mister Liu nous fait asseoir dans la cantine et nous offre un plat de riz avec garniture que nous engloutissons sous ses yeux étonnés avec des baguettes ! Nous nous installons, prenons une douche et passons la soirée à discuter de la Chine, des endroits que nous avons visités, de la France et de sa vie ici. Il est très heureux d’être le patron du chantier. Il s’agit de construire un commissariat de police de quatre étages plus les logements pour les futurs employés. C’est un gros chantier qui récompense ses capacités de directeur de travaux qu’il exerce depuis 9 ans au Botswana. Pourquoi le Botswana ? Parce qu’en acceptant de s’expatrier, il avait plus de chance d’être embauché par l’entreprise chinois qui l’emploie et qui construit beaucoup ici au Botswana. Il a une femme et un fils là-bas, dans l’Est de la Chine. Il rentre les voir tous les deux ans… Quant au chantier, lui et les autres employés chinois travaillent de 6h30 à 12h00 puis de 13h30 à 18h00, 7 jours sur 7, toute l’année… Ah j’oubliai, bien sûr, il vit sur place dans un bungalow de chantier qui est à la fois sa chambre et son bureau…
Faire du stop est un moyen de se déplacer très répandu au Botswana. Il vient compenser le manque de transports en commun qui relient les villes et les villages. Sur les bords des routes on voit des gens, des familles entières parfois, faire signe de la main aux véhicules qui passent. Bien-sûr, ce n’est pas gratuit, chaque « course » a un prix et les négociations vont bon train surtout pour être entassé dans la beine d’un pick-up ou dans la cabine d’un poids lourd. Mais ce qui est le plus surprenant c’est que parfois, sur nos vélos, on ne rencontre rien ni personne sur des dizaines de kilomètres, juste la savane, et puis, on croise tout d’un coup sur le bord de la route, un type qui fait du stop avec sa valise sous le bras. D’où vient-il ? Où va-t-il ? C’est un mystère mais le tableau est surprenant !
Certains soirs, il est difficile de trouver une habitation près de laquelle planter notre tente. Ce soir-là, nous sommes obligés de nous enfoncer dans la savane.
Nous continuons notre ascension vers le nord sur des centaines de kilomètres à travers le Botswana. Le paysage ne change pas trop, la savane est juste plus ou moins dense.
;
Ingrédients pour 4 à 6 personnes :
1 ½ tasses de riz Sorghum (Au Botswana cette variété de riz se cuisine aussi au petit-déjeuner)
125 g de bacon coupé en petits morceaux
2 cuisses de poulet coupées en cubes
4-5 tranches de gros cornichons
½ piment rouge émincé
½ tasse de grains de maïs
½ cuillère à café d’épices….
½ cuillère à café de sauce pimentée…
2 cuillères à soupe d’huile
1 oignon émincé
Préparation :
Faire cuire le riz dans de l’eau bouillante et en fin de cuisson, le rincer sous l’eau froide.
Dans une poêle, faire chauffer l’oignon, le poulet et le bacon dans de l’huile. Lorsque le poulet et le bacon commence à brunir, ajouter le reste des ingrédients. Laisser mijoter un peu puis mélanger cette préparation avec le riz.
On en trouve partout au Botswana ! Dans les villes où les hameaux, ce sont des salons de coiffures mais bien plus encore. Ce sont les points de rendez-vous des filles et des femmes. Elles y viennent soigner leur coiffure, ajouter des mèches, tresser leurs cheveux, mais ces salons font aussi salon de beauté, de manucure, boutique de vêtements à la mode. Le résultat c’est que partout les femmes ont des coiffures très soignées et originales. Malheureusement pour moi, il n’y a pas ou peu d’équivalent pour les hommes et j’ai toutes les peines du monde à trouver un barbier alors qu’il commence à y avoir urgence…
A 17h00, le soleil descend sur l’horizon. Il nous reste environ 30 minutes avant qu’il ne se couche et il est temps pour nous de trouver un endroit où dormir. Nous quittons la route principale en direction d’un village fléché à 3 km. Là-bas, outre quelques baraques en tôles, il n’y a pas grand-chose. Les gens à qui nous nous adressons nous indiquent une maison un peu plus loin. Là-bas nous dit-on, on pourra peut-être nous recevoir.
Arrivés devant la maison en question, nous frappons à la porte. Une employée de maison nous ouvre et nous lui demandons l’autorisation de planter notre tente dans l’enceinte de la propriété. Elle ne peut nous y autoriser sans l’accord des patrons qui seront là d’une minute à l’autre. Une heure plus tard, les patrons rentrent. La nuit est tombée et nous sommes à moitié congelés, assis sur le perron de la maison. Nous sommes invités à entrer par Pauline, la grand-mère. Elle nous installe dans le salon et, comme c’est vendredi le jour de paie, elle s’occupe de verser le salaire hebdomadaire des dix ouvriers qui travaillent dans sa ferme. Nous assistons au balai des employés, émigrés du Zimbabwe pour la plupart, qui touchent leur salaire et partent ensuite profiter de leur week-end de repos. Quand elle a terminé, la maîtresse de maison procède alors à un interrogatoire : Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ici ? Que voulons-nous ? Les présentations ainsi faites, elle nous pose alors la question qui l’intéresse le plus : sommes-nous chrétiens ? Au cours de nos voyages, nous avons constaté que dans tous les pays, les gens se sentent soulagés que nous soyons chrétiens ou que simplement nous croyons en Dieu. Les athées ou simplement ceux qui ont des questions ne sont pas bien vus dans beaucoup de pays car l’existence de Dieu ne se remet pas en question généralement. Ici non plus. Elle semble donc satisfaite de notre réponse mais va plus loin : « Are you Born Again Christians ? » « Heu, what ? » « Born Again ! » Ma connaissance des religions est un peu limitée, elle s’arrête aux catholiques, baptistes, protestants et je ne connais déjà pas bien les différences, mais alors là les Born Again, jamais entendu parler ! Elle nous explique que son défunt mari était prêtre et que son fils ainé, qui entre au même moment dans la pièce, est lui aussi un prêtre Born Again. Benjamin nous salue et se charge de nous expliquer, pour ne pas dire nous convertir, à son obédience. Nous savions qu’en Afrique de l’Est il existe de nombreux courants religieux chrétiens, plus ou moins librement inspirés par leurs leaders. Les Born Again pensent que Jésus Christ est déjà revenu sur terre et qu’il est en chacun de ses fidèles dès que celui-ci a accepté de s’en remettre à lui. Benjamin nous offre des prospectus et nous explique l’intérêt de sa religion une grande partie de la soirée puis nous invite à partager un bon repas et à dormir dans des draps bien chaud dans la chambre d’amis de la maison. Le lendemain matin, avant notre départ, toute la famille se regroupe sur le perron et nous formons un cercle. Benjamin entame une prière dans laquelle il remercie Dieu de nous avoir envoyé chez lui et lui demande de nous protéger tout au long de notre parcours. Nous repartons touchés par cette rencontre insolite et fréquemment nous avons Benjamin au téléphone qui s’enquière de l’avancement de notre parcours au Botswana.
Nous voilà pour plus d’un mois au Botswana. Rentrés au sud de Gaborone, la capitale, nous allons suivre la route principale jusqu’à Francistown. Ensuite, nous prévoyons de longer la frontière avec le Zimbabwe pour nous rendre au nord-ouest, à Kasane. Mais la route entre Francistown et Kasane ne traverse que très peu de villages. Il va donc falloir bien planifier nos lieux de bivouacs pour éviter de dormir en pleine savane. Il faut dire aussi qu’il semble y avoir beaucoup d’animaux sauvages dans ce secteur : girafes, zèbres, éléphants mais aussi lions et léopards… Frayeurs en perspectives…
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.