Tour du monde en vélo : Traverser la savane
TANZANIE
Pour rejoindre le Kilimandjaro nous avions le choix entre la route asphaltée qui passé par Dodoma la capital ou des pistes au milieu de la brousse. Le problème de la route asphaltée évidemment ce sont les voitures. Le problème de la piste que nous avons repérée ce sont les animaux sauvages. Sur 300 des 800 km prévus, nous devions longer des parcs naturels et des réserves de chasse. Nous avons pesé le pour et le contre et finalement nous avons opté pour la piste. Pendant trois semaines, nous avons fait des rencontres extraordinaires. Nous avons dormi dans des huttes en terre perdues au milieu de nulle part, nous avons pédalé au milieu des tribus Massaï, Barbaïg, Iraqw et Sukuma, nous avons été dévorés par les mouches Tsé-tsé, nous avons vu un nombre incroyable d’enfants de tous âges s’enfuirent terrorisés en nous voyant et malheureusement, nous avons fait quelques mauvaises rencontres que nous racontons en détail dans notre carnet de voyage sur la Tanzanie. Quant aux lions, malgré un épisode effrayant au milieu de la nuit, nous n’en avons pas croisés. En cette saison chaude, les points d’eau sont rares et les animaux se regroupent autour des quelques marres encore inondées pour boire. Les prédateurs carnivores n’ont donc pas de mal à trouver du gibier et ils ne s’approchent pas des hommes et de leur bétail.
Chaque soir nous devions absolument rejoindre un village pour dormir en sécurité et un soir nous avons été hébergés dans un camp de Rangers de la réserve gouvernementale de Rungwa. Nous avons dormi chez Damascas, l’un des Rangers les plus expérimentés et nous avons passé une soirée passionnante à écouter des histoires de chasse abracadabrantes, à apprendre comment reconnaitre les traces et comment se comporter en face de tel ou tel animal. Le plus clair de son temps, Damascas le passe à patrouiller pour empêcher le braconnage. Armé d’une « mitraillette » il arpente les kilomètres de savane de la réserve en compagnie d’autres Rangers et s’ils trouvent des braconniers, ils tirent à vue. Les Rangers protègent ainsi les biens du gouvernement car les animaux sont l’objet de la convoitise des riches chasseurs étrangers. Les milliardaires viennent en effet ici chaque année pour tuer un buffle, un éléphant ou un lion. Tous les animaux, exceptées les girafes, peuvent être chassés, il suffit de payer le prix. 15000 $ pour un lion ou un léopard, 10000 $ pour un éléphant et 800 $ seulement pour un buffle. A ces tarifs payés au gouvernement s’ajoutent le prix à payer à l’organisateur de la chasse (des agences étrangères dont une française qui se partagent les licences de chasse sur la zone) et toute la logistique. Certains milliardaires laissent ainsi des ardoises de plusieurs centaines de milliers de dollars.
La chasse est cependant contrôlée, et c’est là le travail des Rangers. Chaque année le gouvernement accorde aux agences le droit de « vendre la peau » d’un nombre défini de lions, d’éléphants, etc… Et tous les animaux ne peuvent pas être abattus. Seuls les mâles doivent être chassés. Et dans le cas des lions en particulier seuls les mâles solitaires. Ceux qui sont à la tête d’une meute avec plusieurs femelles et des lionceaux ne peuvent pas être tués.
Quand un touriste vient tuer un animal, il achète en quelque sorte l’animal et il en fait ce qu’il en veut. Certains ramènent les peaux, les têtes ou les cornes pour les trophées et bien-sûr les défenses en ivoire. L’américain Al Gore est ainsi venu chasser l’an dernier un énorme phacochère dont il a choisit de ramener les défenses.