Tour du monde à vélo : Passage de frontière
CHINE, 24 juillet 2009
C’est toujours une galère. Un moment stressant. Cette fois-ci nous devons en plus faire passer notre lapin en douce dans nos bagages.
Nous avons un peu de retard sur notre feuille de route et comme la frontière ferme le week-end et que nous sommes vendredi, nous devons nous lever à 4h00 du matin pour parcourir les 50 derniers kilomètres qui nous séparent encore du poste frontière. A 14h00 nous y sommes. On a tout prévu. Kitaï est caché au fond d’une sacoche avec au-dessus de lui des chaussettes sales anti-douaniers. La première chose à faire, évidemment, c’est de payer. Ici c’est un droit de passage qu’il faut régler à un militaire dans une guérite qui encaisse nos deux redevances et nous annonce ensuite « Bicycle no possible ». Comment ça « no possible » ? Et bien oui, le no man’s land ne peut pas être franchi à pied. Nous sommes à vélo ? C’est pareil qu’à pied. Et les motos, tiens au fait ? « Moto OK ». sic.
On argumente, on négocie, on pleurniche, rien à faire. On fait mine de battre en retraite. On ressort de la guérite, on enfourche nos vélos et on fonce quand même l’air de rien. Le garde lui, il a pas l’air de rien quand il dit « stop » avec son fusil qui nous barre la route… Bon, ben OK, comment on fait alors ? Et bien on se fait raquetter 5€ par personne pour mettre les vélos dans une jeep ou un bus « assermentés » qui font les allers-retours dans le no man’s land.
Le plus bizarre c’est que nos bagages restent dans le bus et sont inspectés sans nous par les douaniers pendant que l’on fait les formalités de sortie du territoire dans un bâtiment plus loin. Et que dire des formalités ! Pour rentrer dans le pays, ça semble assez logique que les douaniers soient pointilleux, mais pour en sortir, c’est un peu ridicule. La palme d’or revient au préposé à l’examen des passeports qui me fait tourner à gauche puis à droite pour inspecter mon visage sous différents angles tout en tenant ma photo d’identité à bout de bras pour comparer et être bien sûr que c’est moi sur la photo. La plaisanterie dure bien 5 minutes alors que pour les chinois et les mongols l’inspection dure 2 secondes. Puis, pour être bien sûr que c’est moi, il me demande « complete name ». Je vais pour lui répondre et puis je me dis « attend voir ». Je prends une grande inspiration et je lui déblatère d’une traite sans articuler et en français mes noms, prénoms, âge, profession. A la fin de ma tirade à laquelle il n’a rien compris je reste placide et très sérieux. L’air un peu dépité et comme tout le monde nous regarde, il n’ose pas me faire répéter et tamponne mon visa de sortie. Je sais, c’est pas très joli, mais ça fait partie des petits plaisirs de la vie.
Ensuite on attend notre bus qui passe l’inspection des bagages et en-avant pour les formalités mongoles. Les gens sont beaucoup plus souriants et agréables et le tout est expédié en 30 minutes. Seul hic, le moment où un douanier nous demande où se trouve la « West Guesthouse » d’Oulan-Bator que l’on a inventée et indiquée sur le formulaire comme étant notre adresse en Mongolie. « Euh… à l’ouest ». Tchouk, fait le bruit du tampon sur le bureau quand le douanier estampille notre visa et nous autorise à entrer dans le pays. Bon sang, ça y est, on est en Mongolie !