Tour du monde en vélo : Retirer de l’argent
MALAWI
Ouah la galère ! En général, ce n’est jamais simple, mais au Malawi, c’est un record. Pour minimiser les commissions bancaires, nous essayons de retirer une grosse somme d’argent en une seule fois car pour un retrait en carte bleue nous devons payer un forfait fixe plus une part variable (un pourcentage de la somme retirée). Cela nous revendrait donc rapidement beaucoup plus cher de retirer 3 fois 300 euros plutôt qu’une fois 900 euros par exemple.
Dans beaucoup de pays, y compris le Malawi, il existe des distributeurs automatiques de billet appelés « ATM ». Ils fonctionnent parfaitement mais les plafonds de retrait sont trop bas (au Malawi 100 euros maximum par retrait) alors nous essayons d’aller à l’intérieur des banques et de négocier avec le responsable de la banque d’utiliser le terminal qu’il possède pour retirer en une seule fois nos 900 euros. Il faut négocier car les commissions bancaires vont à la banque qui nous délivre de l’argent donc ce n’est jamais dans son intérêt de nous faciliter la tâche…
A Lilongwe, capitale du Malawi, je me rends à la Banque Nationale de bonne heure. Il est 9 h quand j’entre et découvre une interminable file d’attente qui s’étire devant moi. Personne à l’accueil pour me renseigner, naïvement je m’insère dans la file plutôt que d’aller forcer le passage et interpeller brièvement un guichetier pour qu’il me confirme la faisabilité de mon affaire. Une heure d’attente. La pièce est surchauffée, les gens sont à touche-touche dans la file. Quand arrive enfin mon tour je n’en peux plus. La guichetière à qui j’expose mon problème me coupe et me dit froidement « Notre terminal est cassé, allez à la banque centrale. Suivant. ». Je sors de la file d’attente en marmonnant quelque chose comme co…asse.
La banque centrale est trop loin, je décide donc de tenter ma chance auprès des deux autres banques à proximité. L’une n’accepte pas les cartes bleues VISA et l’autre me renvoie vers sa machine ATM. J’argumente : le plafond de l’ATM est de 100 euros, je voudrais retirer 1000 euros. Réponse : vous devez faire 10 retraits de 100 euros. Je persiste : Mais dans ce cas j’aurai 9 fois plus de commission. Il réfléchit, appelle son patron et crie très fort dans la banque que le blanc, le Musungu, veut retirer 1000 euros. Tous les regards des clients se tournent vers moi. Avec un salaire moyen de 30 euros par mois, 1000 euros ce n’est jamais que 3 ans de salaire… Le directeur intervient et me dit « Aucun problème, vous allez à l’ATM et vous faites 10 retraits de 100 euros ». OK laisse tomber, je file à la banque centrale. Il est 12 h 30, plus de 3 heures de perdues. Je me rends donc à la banque centrale à une demi-heure de vélo où Claudine me retrouve. Elle garde nos vélos pendant que je pénètre dans la banque. Je veux régler ça rapidement avant que nous allions manger un morceau.
A peine entré à l’intérieur je comprends que ça va être un cauchemar. La banque est gigantesque et grouille de clients qui font la queue à différents guichets. Il y a peut-être 200 ou 300 personnes. Je m’accroche et trouve l’accueil. Après m’être fait devancer quelques fois, je parviens à exposer mon problème au type du comptoir qui écoute attentivement mon problème et me répond « Allez à l’ATM ». Je recommence, faisant fis des protestations des gens derrière moi, jouant des coudes pour empêcher les plus hardis de glisser par-dessus mon épaule ou sous mon bras je ne sais quel papier à faire tamponner par le type de l’accueil. Je me cramponne au comptoir et finit par obtenir gain de cause : il m’indique un guichet spécial pour les opérations particulières. Je m’y rends. Incroyable, il n’y a que 4 personnes devant moi. Plein d’espoir je me lance dans la queue non sans me faire confirmer deux ou trois fois par des employés passant près de moi que je suis dans la bonne file.
Alors qu’il ne reste qu’une personne devant moi, une grosse Mama se range devant moi en me faisant signe qu’elle était sortie de la file pour passer un coup de téléphone. « Allez-y je vous en prie… ». Quelques instants après c’est son tour. Je suis confiant il est presque 14 heures, nous allons bientôt pouvoir aller manger. La grosse Mama fait faire une ou deux opérations sur son compte et d’un coup, d’un coup bas, sort un sac en papier plein à raz bord de liasses de billets qu’elle vient déposer. J’hallucine, au dessus de guichet est écrit en gros « Guichet réservé aux transactions bancaires, pas de dépôts d’espèces de plus de 50000 Kwachas pour faciliter la rapidité du service ». C’est au moins 5 millions qu’elle s’apprête à déposer sans gène en profitant de ses deux transactions bancaires précédentes pour utiliser ce guichet plutôt que les guichets dédiés aux dépôts d’espèces devant lesquelles s’étirent des files d’attente interminables. La guichetière ne proteste pas, je bous intérieurement. Je vois la guichetière recompter à la main les liasses de billets : 45 minutes. Je marmonne quelque chose comme co…asse.
Quand la grosse Mama lâche enfin le comptoir et passe devant moi avec un petit sourire satisfait sur le visage, je me précipite en croisant les doigts. LA guichetière m’écoute, comprend mon problème, sort son terminal et prend enfin ma carte. Elle l’insère dans la machine, entre le montant désiré et me la tend pour que je tape mon code. Je valide, le ticket sort doucement de la machine, elle le coupe et me le montre : Failed. Quoi ? On réessaye, même verdict. La guichetière ennuyée pour moi m’explique que parfois les connections avec je ne sais quel serveur central de VISA ne marchent pas. Avant d’abandonner la partie je joue ma dernière carte : les travellers chèques. « Est-ce que vous les acceptez ? » « Aucun problème » me répond-elle. Ouf ! Malheureusement c’est Claudine qui cuit au soleil depuis plus d’une heure qui les a. Pas de problème, je peux aller les chercher et la guichetière me fera passer devant tout le monde. Je fonce, récupère les chèques et retourne à la banque. Le vigil m’arrête : « La banque est fermée Monsieur, il est 15 heures plus personne ne rentre». « Mais j’étais là il y a une minute, la guichetière m’attend ». « La banque est fermée Monsieur ». Je marmonne quelque chose comme co…ard et m’en vais vers l’ATM. Belle journée.
2 commentaires à “Tour du monde en vélo : Retirer de l’argent”
Cool…Respire… J’ai senti qu’en écrivant ces quelques lignes, tu revivais la scène… Je me trompe??? Bises
Eh nous qui nous plaignons de la poste de St Priest!!!!!
quelle patience! quel pays bizarre!!