En Turquie le train est un moyen de transport très bon marché mais peu développé. Le réseau routier l’est bien davantage donc pour les longues distances, nous avons été amenés à utiliser les cars, nombreux et confortables. Nos vélos nous ont causé moins de problèmes car le service est très organisé : nous nous dédouanions de tout agencement pour leur trouver une place dans les soutes. Même à bord les places sont numérotées et un « Stewart » s’occupe de la bonne entente à bord et de nous proposer régulièrement thé, biscuits et boissons fraîches.
A Malatya, nous avions réservé un billet pour nous rendre au lac de Van à environ 400 km. Mais finalement nous avons voulu prolonger notre séjour car un guide nous permettait de faire l’ascension jusqu’au site antique de Nemrut (7 heures de marche dans la neige pour accéder à ce sommet à plus de 2000 m, fermé à cette époque). L’office du tourisme a donc appelé la compagnie de cars pour décaler notre départ.
Deux jours plus tard, en arrivant au guichet je n’ai pas eu besoin de dire un mot que tous me demandaient déjà des nouvelles de notre ascension dans la neige. Le voisinage n’a pas mis longtemps à être informé, et mon billet n’a pas eu de problème à être réellement modifié.
On ne passait pas inaperçu dans cette ville si accueillante et dépourvue de touristes à cette époque.
D’ailleurs, dans notre carnet de voyage n°3 en préparation vous trouverez la rubrique « Est-ce que vous avez déjà été une curiosité ? »
Notre ascension en images pour parvenir, non sans difficultés à cette époque, au site antique de Nemrut Dagi. Des détails et des anecdotes dans notre carnet de voyage n°3.
C’est une constante, un incontournable. Dans chaque restaurant, même dans les gargottes cradingues, à la fin de chaque repas, tantôt avant, tantôt après l’addition, on nous verse de l’Eau de Cologne dans le creux des mains. La plupart du temps le parfum est assez discret, mais on est tombé sur 2 ou 3 flacons avariés qui sentaient le « Canard WC ». Idéal après le déjeuner.
Voici la recette d’une sorte d’omelette, mangée généralement au petit-déjeuner.
Prochainement dans notre carnet de voyage n°3, vous retrouverez notre recette de dessert à base de poulet…
Pour 4 personnes 8 œufs
2 poivrons ordinaires (ou de préférence 4 poivrons longs et pointus)
3 tomates
½ cuillère à soupe de sel
1 cuillère à soupe de beurre
- Faire fondre le beurre dans une poêle. Ajouter les poivrons épépinés, coupés en rondelles ou en lamelles et les tomates épluchées, épépinées, coupées en petits morceaux. Laisser cuire 7 à 8 minutes jusqu’à ce que le jus des tomates soit un peu évaporé.
- Par ailleurs, battre les œufs dans un récipient, les verser dans la poêle, saler, puis bien mélanger le tout. Quand la consistance devient assez solide, ôter du feu et servir.
Plusieurs fois en voyage, j’ai été tenté mais je n’ai jamais osé. Après un mois et demi de voyage, il n’y a plus de question à se poser, c’est l’étape obligatoire. Escorté par Umit que nous avons rencontré chez les tailleurs, je me rends dans un salon moderne où le patron me déroule le tapis rouge sous le regard de ses trois jeunes apprentis. J’ai droit au plus grand soin et le rasage et ponctué de verres de thé qui me sont offerts. D’abord un rasage à la tondeuse électrique pour enlever le plus gros, puis place au rasoir tranchant qui glisse sur les carotides. Un peu crispé, je pensais à Clint pointant son revolver sur le barbier pendant sa séance de rasage dans je ne sais plus quel western.
Ensuite à l’aide d’une sorte de collier-ressort que je ne saurai décrire, il procède à une épilation des dernières racines de poils présentes sur les pommettes. Il en arrache une ou deux et me demande si c’est bon, si il peut continuer vu que ça fait mal. Je lui réponds avec la voix cassée et les larmes aux yeux « oui oui, je suis un dur moi ». C’est ça oui, quand ça s’arrêtera je recommencerai enfin à respirer…
Enfin, avant l’Eau de Cologne et l’aftershave, la séance du feu : à l’aide de son briquet il me brûle les joues puis les oreilles pour éliminer les derniers poils qui auraient pu survivre. Bref il est fier de son travail et en me regardant dans la glace je constate, outre le fait que j’ai rajeuni de 10 ans, que je n’ai jamais été rasé d’aussi prêt !
A Malatya au hasard d’une rencontre, nous avons fait la connaissance du tailleur Bremer et de son apprentie Nargiz, installés dans une petite boutique d’une galerie commerçante en sous-terrain. Tous les jours, on leur apporte des vêtements à recouper, à arranger. Ils réparent par exemple tous les défauts de conception, comme une veste imperméable qui fait trop de bruit en la portant : normal, elle est doublée d’un sac plastique…. Leur spécialité reste la retouche de Jeans : ils font les ourlets et peuvent aussi les retailler sur mesure. Le jour où on était dans leur boutique, on a eu droit au défilé de mode de leur création : le sac à main-mini jupe ! Un concept…
A l’est de l’Anatolie, nous avons fait une halte à Malatya, ville de 400 000 habitants, très accueillante et réputée pour sa production d’abricots secs. Dans les environs les arbres commençaient à être en fleurs et dans quelques mois, les abricots sècheront sur le toit des maisons. Dans la ville un grand marché est consacré à la vente de ces fruits. Nous avons eu l’occasion de voir des rues entières de boutiques vendant des abricots secs de différentes couleurs, allant de l’orangé au marron suivant les traitements et la qualité. Lors de cette étape nous avons fait le plein de ces fruits secs très énergétiques que nous consommons beaucoup à vélo.
Pour parcourir les 1500 km qui nous séparent de Malatya, nous avons opté pour le bus. Au moment de prendre les billets au guichet tout va bien : « Bichiclette, no problem ». Départ à 23h. Cela nous laisse 8h à attendre dans la gare routière…
La journée a été longue, une des plus pénibles. La pluie, le vent, puis les chiens nous ont attaqués sur le bord de la route. On vous a préparé un article sur ces gentils petits animaux dans notre Carnet de voyage n°3. Crevés et après avoir patienté 8h dans le froid de la gare routière, nous nous dirigeons vers le quai. Quand il nous voit arriver avec nos « bichiclettes », à 22h30, le type chargé d’enregistrer des voyageurs déclare : « Bagages, problem ». Rapidement une petite troupe de curieux se forme pour voir comment le problème va se régler. Palabres, puis finalement ce ne sera plus le bus de 23h, mais celui de 00h. A 00h30, le bus est là, et le chauffeur et son aide de camp sont confrontés au fameux « bagages problem ». Tout ce petit monde gesticule et se plaint. Les passagers s’en mêlent, chacun nous expliquant en turc l’étendue du problème. Moi, je suis complètement crevé mais je n’ai aucune envie de m’énerver. On ne lâchera pas. De toute façon, on ne comprend pas trop où est le problème. La place, c’est facile d’en faire et vu les chargements que transportent les turcs, nos deux vélos ne sont un record ni de poids, ni de volume. Le but, on le sait, c’est de nous faire payer plus cher. Finalement, calmement et en français, j’ai dit au chauffeur un truc du genre : « Il n’y a aucune chance que je ne monte pas dans ce bus, ni que je paie quoique ce soit d’autre, alors trouvez une solution. » Ca a mis un terme aux palabres, et en moins de 5 min nos vélos étaient chargés et le bus redémarrait.
Entre février 2009 et octobre 2011, Claudine ARNAUD et Olivier BOROT ont mis de côté leurs situations professionnelles pour vivre une parenthèse sur les routes du monde. Près de 15000 Km à vélo sur 4 continents. 20 pays traversés et des étapes inoubliables avec les caravaniers de l’Azalaï au Mali, les tribus de Tanzanie ou les éleveurs de rennes de Sibérie. Ils racontent aujourd’hui leurs aventures dans un recueil de carnets de voyages et dans leurs films qu’ils projettent en conférences partout en France.